Préambule : je ne suis pas médecin : les informations partagées et les conseils prodigués ne remplacent en aucun cas l’avis médical, les traitements médicaux ou paramédicaux. Le travail sur les cicatrices présenté ci-dessous NE CONCERNE PAS les cas de cicatrices suintantes, infectées, ouvertes... mais seulement les adhérences pour des cicatrices "saines". Par ailleurs, le contenu ci-dessous est très simplifié et n'a pas valeur d'explication scientifique.
Selon Wikipedia :
"Une cicatrice est la partie visible d'une lésion du derme après la réparation du tissu, à la suite d'une incision effectuée au cours d'une opération ou à la suite d'une blessure. La cicatrisation fait partie intégrante du processus de guérison. À part les lésions très mineures, chaque blessure (après un accident, une maladie, ou un acte chirurgical) engendre une cicatrice plus ou moins importante. Le tissu cicatriciel n'est pas identique au tissu qu'il remplace et est habituellement de qualité fonctionnelle inférieure."
Le corps humain s'adapte en permanence pour répondre aux conditions intérieures et extérieures et assurer l'homéostasie pour survivre.
S'il subit une attaque des tissus, si la peau est ouverte ou bien brûlée ou bien déchirée, il va réagir. Cela arrive notamment lorsqu'il y a coupure, fracture, brûlure, trauma physique ou bien encore intervention chirurgicale. Le corps va donc chercher à "recoller les morceaux", "boucher les trous" en produisant des tissus fibreux, résistants. Une route abîmée peut être réparée en comblant les trous avec du goudron. De son côté, le corps va produire du collagène et des tissus fibreux pour combler et assurer le maintien des différentes parties. Par contre, il n'y aura pas de rouleau compressir pour finir le travail, aplanir et lisser l'ensemble..
Outre la cause qui l'a produit, la cicatrice peut se différencier par son type (coupure, brûlure, déchirement), sa forme (ligne ou bien surface), son étendue en surface, ainsi que sa profondeur.
Il y a par exemple de grosses différences entre une brûlure superficielle sur 30 cm2 dans le dos, et des cicatrices liées à des interventions chirurgicales, type césarienne, hystérectomie (ablation de l'utérus), appendicite, mastectomie (ablation du sein).
Les cicatrices laissent des traces sur et dans notre corps. Elles nous accompagnent habituellement toute notre vie et nous rappellent les accidents, les opérations, les pertes et les blessures.
Pour certaines personnes cela occasionne des problèmes d'image, voire des troubles psychologiques. Certaines disent avoir l'impression de ne pas percevoir leur cicatrice comme faisant partie de leur corps.
Les cicatrices peuvent aussi entraîner des handicaps fonctionnels avec des limitations de mouvement, de l'inconfort, des douleurs. Souvent, les personnes ne remarquent pas que les limites structurelles qu'ils perçoivent dans leur corps sont causées par une cicatrice. Même une petite cicatrice discrète en surface causée par une intervention chirurgicale peut entraîner des changements structurels importants en profondeur. Et puis avec le temps on s'habitue, et on oublie.
Les cicatrices sont une sorte de tissu conjonctif / fascias. Cependant, travailler sur les cicatrices est très différent du travail des fascias que l'on connait en Rolfing.
Sharon Wheeler, élève du Dr Ida Rolf, a développé des techniques uniques de travail manuel de plusieurs types de cicatrices (brûlure, chirurgie, césarienne...). J'ai eu la chance de participer à sa formation.
En règle générale, selon Sharon Wheeler, le tissu cicatriciel réagit rapidement au traitement et l'état de la cicatrice s'améliore peu de temps après. Ce processus est progressif et l'amélioration est permanente. L'âge et l'origine de la cicatrice ont peu d'impact dans le traitement de la cicatrice.
Le travail sur les cicatrices n'est en général pas douloureux. La méthode est très douce.
Le processus de cicatrisation et les tissus fibreux générés peuvent créer des "nœuds", durcissements, bosses dans le tissu de la cicatrice, qui vont se confondent avec le filet fascial tridimensionnel. Cela peut et peuvent entraîner une "surdité", un manque de ressenti et de perceptions, voire des adhérences ou restriction de la fluidité de mouvement.
Les techniques proposées par Sharon Wheeler agissent d'abord sur la surface de la cicatrice puis en profondeur pour l'assouplir, l'atténuer et agir sur les adhérences. Cela aura également un effet sur le réseau nerveux.
Les cicatrices céariennes peuvent entraîner des déséquilibres posturaux. Si les adhérences sont fortes au niveau de l'os du pubis, il peut y avoir un changement de cambrure / pivot du bassin, ce qui peut occasionner des douleurs lombaires.
En Rolfing, nous considérons que tout est relié dans le corps, par l'intermédiaire des fascias. D'ailleurs, le nom originel de la méthode est : "Intégration Structurale". On cherche donc à relier les différentes parties du corps ensemble.
Travailler sur une cicatrice implique donc d'aider à mieux l'intégrer dans les tissus environnants.
Dans le cas d'une ablation du sein (mastectomie), le travail en superficie sur la cicatrice est important. L'effet "cosmétique" est souvent agréable avec une sensation d'une peau plus douce au toucher.
Il sera également essentiel de travailler plus en profondeur et de mieux connecter, voire reconnecter, c'est à dire intégrer, cet espace du corps avec les tissus environnants.
En complément, on proposera des explorations corporelles avec le travail des perceptions pour aider à la personne à ré-actualiser son schéma corporel avec les nouvelles possibilités. Cette ré-actualisation s'accompagne souvent de changements fonctionnels et d'une régulation du traumatisme.
En 1970, à l'âge de 23 ans, Sharon Wheeler a commencé sa formation avec le Docteur Ida P. Rolf, fondatrice de l'Integration Structurale (plus tard appelée Rolfing) et a terminé son "Advanced Rolfer" en 1978.
Au cours de son travail, elle a découvert à plusieurs reprises que les cicatrices peuvent être la cause de problèmes structurels et qu'un traitement spécial de la cicatrice elle-même est nécessaire afin de l'intégrer avec succès dans les structures environnantes.
Sharon Wheeler a ainsi développé la méthode de traitement des cicatrices, dans laquelle le tissu sensible d'une cicatrice est travaillé très doucement et avec des techniques spéciales.
Sharon Wheeler pratique le Rolfing et le Rolfing Movement à Port Orchard, aux États-Unis, et organise régulièrement des ateliers de formation en Rolfing et traitement des cicatrices.
Plus d'informations sur son site web (en anglais) : https://wheelerfascialwork.com/scarwork/
Sharon Wheeler est à l'origine d'un livre passionnant sur le travail des cicatrices.
Ce livre très illustré explique les effets des cicatrices et des adhérences sur le corps à travers le prisme de la biotenségrité, un concept qui reconnaît le rôle des forces physiques sur leur formation, leur structure et leur traitement.
Il comprend des contributions de spécialistes de l'anatomie des fascias, de la biotenségrité, du mouvement, de la chirurgie et d'autres thérapies manuelles. Il adopte une approche globale pour permettre une meilleure compréhension de ces questions complexes et sera utile à tout praticien.
Le texte est accompagné de vidéos en ligne démontrant cinq techniques thérapeutiques ScarWork.
Plus d'informations sur la page web de l'éditeur : https://www.handspringpublishing.com/product/scars-adhesions-and-the-biotensegral-body/
En complément, accessible depuis le site web de Sharon Wheeler, une présentation, en anglais, des origines de son travail sur les cicatrices.